Projet innovant : un parcours de soins en gérontopsychiatrie grâce à la télémédecine

Le constat : la psychiatrie de la personne âgée est un réel enjeu de santé publique

Les personnes âgées sont particulièrement sujettes aux risques de troubles dépressifs et autres pathologies de santé mentale. Selon les chiffres de l’OMS : 8 à 20 % des personnes âgées et 37 % de celles qui reçoivent des soins souffrent de dépression.

Avec le vieillissement de la population, l’ensemble des pathologies liées à l’âge augmentent, y compris celles concernant la santé mentale. Parallèlement, les profils des personnes âgées susceptibles d’entrer en EHPAD se modifient et englobent désormais un nombre croissant de personnes souffrant :

• de pathologies psychiatriques chroniques au long cours : psychoses, troubles bipolaires, addictions… ;
• de troubles psychiatriques apparus à l’âge tardif : dépression, trouble bipolaire, délire tardif, décompensation névrotique anxieuse ou phobique, manifestations régressives… ;
• d’affections cérébrales neurodégénératives ou neuro-vasculaires.

Dès l’entrée en EHPAD, il est nécessaire de pouvoir proposer à ces personnes une évaluation psychiatrique et un suivi gradué et personnalisé.

Or, actuellement, l’offre de soins et d’accompagnement psychiatrique en EHPAD pour les personnes âgées est faible, voire inexistante, sur tout le territoire.

Dans ces établissements, les unités spécialisées dans la psychiatrie du sujet âgé sont peu nombreuses. En effet, une part importante de patients présentant des troubles psychiatriques ne bénéficient pas de suivi, dont une majorité est sous psychotropes et peu de médecins coordonnateurs sont formés à la géronto-psychiatrie.

Les besoins des EHPAD sont donc multiples :

• formations et accompagnement des équipes ;
• réunions de concertation autour de situations complexes ;
• consultations spécialisées et suivis réguliers.

La réponse à apporter : développer une nouvelle approche du soin s’appuyant sur trois pratiques

Face à ces constats, la mise en place de parcours de soins digitalisés, comparativement à l’intervention régulière d’un psychiatre seul en EHPAD, permettrait de répondre à l’ensemble de ces besoins de manière efficace.

Le projet est de développer la mise en place de trois pratiques :

• la télémédecine : évaluation psychiatrique de la personne âgée par téléconsultation et télé-expertise dès son entrée en EHPAD afin de dépister d’éventuels troubles de santé mentale ;
• la télésurveillance : le psychiatre ou le psychologue peut réaliser un e-suivi de l’évolution de l’état de santé du patient grâce à des consultations à distance et des questionnaires réguliers permettant de définir la conduite à tenir le cas échéant ;
• la téléréadaptation : un programme e-HDJ (hôpital de jour) comprenant des ateliers numériques spécifiques individuels ou en groupe à destination des résidents des EHPAD présentant des troubles psychiatriques du sujet âgé.

Les objectifs de la mise en place de cette nouvelle approche de la prise en soins psychiatrique des personnes âgées en EHPAD seraient de :

• améliorer la prise en charge précoce des troubles psychiatriques des personnes âgées et éviter les hospitalisations ;
• éviter les ruptures de parcours, limiter les passages aux urgences et réduire le nombre de réhospitalisations ;
• accompagner la montée en compétences des équipes de soins en EHPAD.

Les acteurs du projet : les EHPAD Korian et Inicea, experts en santé mentale

L’établissement porteur du projet est la clinique Jeanne d’Arc Hôpital Privé Parisien et les acteurs partenaires du projet comprennent 13 EHPAD, dont 9 EHPAD privés Korian ainsi que des médecins psychiatres Inicea.

L’expérimentation de ce projet se déroulera avec une évaluation initiale via téléconsultation. Chaque nouveau résident admis en EHPAD bénéficiera d’une évaluation systématique de repérage des troubles psychiatriques.

À l’issue du bilan initial, trois modalités de prise en charge pourront être proposées :

• l’e-SUIVI mensuel pour les patients nécessitant un accompagnement léger ;
• l’e-HDJ pour les patients nécessitant un accompagnement renforcé : consultations mensuelles, télésurveillance, questionnaires de suivi régulier et ateliers individuels ou collectifs proposés par l’équipe de la clinique Jeanne d’Arc ;
• l’hospitalisation en clinique psychiatrique pour les cas les plus lourds : 4 semaines en moyenne puis les patients retournent en EHPAD et intègrent systématiquement un suivi de niveau 2 (e-HDJ).

La mise en œuvre de ce dispositif est prévue sur trois ans. L’ensemble des données concernant les patients et la réalisation de leur parcours sera entièrement tracé via l’outil digital UNIQ. Des évaluations trimestrielles et des rapports d’activités annuels permettront d’analyser l’évolution du dispositif, sa fréquentation et son efficience ainsi que le taux de satisfaction de ses bénéficiaires.