Souffrances psychologiques chez les adolescents : quel mal être se cache derrière un décrochage scolaire ?
Le décrochage scolaire est l’une des principales portes d’entrées dans les centres ambulatoires du groupe Inicea dédiés à la pédopsychiatrie. En santé mentale, de multiples tableaux cliniques peuvent impacter la scolarité en fonction de la pathologie et de la prise en soins.
Les raisons des souffrances psychiques et psychologiques des adolescents sont nombreuses, mais le harcèlement et plus récemment les réseaux sociaux sont des facteurs prépondérants observés chez des patients de plus en plus jeunes.
À travers des soins centrés avant tout sur la gestion des émotions et les difficultés relationnelles, les professionnels de santé aident les adolescents à réintégrer une vie sociale. Un objectif pour lequel les encadrants scolaires, et plus encore les parents, ont un rôle primordial à jouer.
Le harcèlement et les réseaux sociaux, facteurs clés du mal être chez les adolescents
Le harcèlement est l’une des causes de décrochage scolaire et de demandes de prise en charge dans les établissements pédopsychiatriques d’Inicea.
Le harcèlement joue le rôle de révélateur dans des tableaux cliniques complexes. S’il n’est pas toujours le facteur prédominant de la problématique des adolescents, il est majoritairement présent et il permet de découvrir des causes plus profondes de mal être, explique le Dr Blondeau, pédopsychiatre à la Clinique des Vallées.
Si les professionnels de santé traitent depuis plusieurs années des cas de violences physiques ou verbales en milieu scolaire, le cyberharcèlement est une forme de souffrance de plus en plus fréquente chez les patients âgés de 11 à 18 ans.
Les confinements ont privé les adolescents de leur entourage social et ont entraîné une augmentation du harcèlement sur les réseaux sociaux, déclare Roselyne Convers, Responsable de l’hôpital de jour pour adolescents d’Épinal.
Dans cet isolement, les réseaux sociaux sont des amplificateurs de mouvements émotionnels très bien identifiés par les professionnels de santé. C’est pourquoi une sensibilisation au numérique est faite dans le cadre de la prise en soins en pédopsychiatrie. Du fait de cet isolement et de cette consommation des réseaux sociaux, des difficultés relationnelles plus ou moins marquées en fonction de la pathologie se sont développées.
C’est d’autant plus vrai sur les problématiques de troubles du comportement ou de troubles de la personnalité limites. Ce sont des enfants qui ne rentrent pas dans des cases, qui souffrent de problèmes relationnels et qui ont du mal à rester concentrés à l’école. Nous mettons avant tout l’accent sur la gestion des émotions. Nous leur réapprenons à gérer leurs relations avec les autres”, précise le Dr Depond, pédopsychiatre à la Clinique des Vallées.
Ces troubles du comportement apparaissent sur des profils de patients de plus en plus jeunes.
Depuis un an, on voit apparaître des troubles du comportement marqué chez des adolescents de moins de 13 ans”, déclare Roselyne Convers. “Il y a eu en effet des décompensations de tableaux plus précoces. Ce qu’on observait plus tard dans l’adolescence, on le voit maintenant sur des patients de 11 à 13 ans”, ajoute le Dr Blondeau.
La faute à une surexposition au numérique provoquant des addictions aux réseaux sociaux ainsi qu’aux jeux vidéo.
Les établissements scolaires et les parents au coeur de la prise en soins
Chaque année, les établissements pédopsychiatriques d’Inicea enregistrent des demandes de prises en charge plus importantes à la fin du mois de septembre.
Ces demandes concernent principalement des jeunes de 11 à 13 ans. Ce sont des adolescents qui avaient déjà des difficultés à aller à l’école quand ils étaient au primaire et ces difficultés se sont accentuées à leur entrée au collège, explique Roselyne Convers.
Les équipes pédopsychiatriques d’Inicea travaillent au quotidien avec les établissements scolaires pour mettre en place des projets adaptés à chaque adolescent. Tandis que la majorité des patients en hôpital de jour restent scolarisés, ceux admis en clinique pour une hospitalisation complète gardent également une stimulation scolaire grâce à des enseignants spécialisés qui interviennent directement dans la clinique.
L’accès à une scolarisation pour les personnes hospitalisées est un droit. Nous mettons donc tout en oeuvre pour faire exister ce droit même en milieu de soin”, souligne le Dr Depond. “La conservation d’une forme de scolarité est primordiale dans la construction de vie des adolescents, quel que soit leur mal être psychologique”, ajoute Roselyne Convers.
En fin de prise en charge, les adolescents apprennent à se réintégrer dans le milieu scolaire. Ils se familiarisent avec le système d’évaluation et la vie en classe. Si l’encadrement scolaire joue un rôle important dans l’identification et la prise en charge des adolescents en situation de souffrance, les parents n’en restent pas moins des acteurs indispensables.
Dans la moitié des cas, le mal être de l’adolescent est également lié à l’environnement familial, peu importe le milieu social dans lequel il évolue”, précise Roselyne Convers.
L’importance du soutien parental est primordial. Les parents sont ainsi intégrés dès le premier jour du parcours de soins et deviennent acteurs de la prise en charge de leur enfant.
Ont participé à la rédaction de cet article :
- Dr Margot Blondeau : Pédopsychiatre et coordinatrice médicale du pôle adolescents de la Clinique des Vallées. Intervenante sur l’hôpital de jour et l’équipe mobile de la clinique.
- Dr Bertrand Depond : Pédopsychiatre. Intervenant sur l’unité d’hospitalisation complète et en consultation à la Clinique des Vallées. Président de la Commission Médicale d’Établissement de la clinique et membre associé de la Société Française de la Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent.
- Roselyne Convers : Responsable de l’hôpital de jour pour adolescents d’Épinal.
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