Si la personne s’oppose aux soins, une hospitalisation sous contrainte est nécessaire. Pour tous les patients, en raison du risque de dépenses excessives, il faut penser à une mesure de protection des biens (sauvegarde de justice). Explications du Professeur Ferreri, membre du comité scientifique Inicea.
Quelle prise en charge pour le trouble bipolaire ?
Les médicaments
D’un point de vue pharmacologique, le traitement des troubles bipolaires repose sur le traitement des accès aigus (dépressifs, maniaques ou mixtes) et sur la prévention des rechutes.
Episode dépressif bipolaire
Il s’agit d’un des phases de la maladie les plus difficiles à traiter. En pratique, la première étape est l’optimisation du traitement thymorégulateur. En absence de thymorégulateur, il est indispensable d’en débuter un. La seconde étape est l’utilisation du lithium en l’absence de contre-indication et après un bilan pré thérapeutique. Ensuite, l’utilisation d’antipsychotique atypique (APA) ou d’anticonvulsivant spécifique est indiquée. En pratique deux molécules ont une autorisation de mise sur le marché (AMM) : la quétiapine et la lamotrigine. L’utilisation des antidépresseurs seul est à éviter. En cas de persistance de manifestations dépressives, un inhibiteur de la recapture de la sérotonine est généralementproposé en cure courte et toujours sous couverture thymorégulatrice. La place des sismothérapies est à discuter pour chaque cas.
Accès maniaque
Si le diagnostic est clair et que le patient est sous traitement antidépresseur le réflexe est d’arrêter le traitement antidépresseur. Les thymorégulateurs ayant une AMM en première intention sont le lithium, le divalproate de sodium (à éviter chez la femme en âge de procréer) et certains APA tels que l’olanzapine, la risperidone, l’aripiprazole et la quetiapine. En pratique en cas de trouble du comportement important ou d’idée délirante on privilégiera un APA ou une association APA plus lithium ou antiépileptique.
La chimiothérapie prophylactique représente un point fondamental de la prise en charge. Les régulateurs de l’humeur ont fait la preuve qu’ils diminuaient le risque d’apparition de nouveaux épisodes dépressifs ou maniaques. A côté des deux grandes familles historiques de thymorégulateurs : les sels de lithium et les anticonvulsivants (valproates et carbamazépine), les antipsychotiques atypiques (APA) (aripiprazole, olanzapine, ripsperidone, quetiapine) peuvent également être utilisés. En cas d’échec d’une monothérapie, une double thymorégulation APA+ Li ou APA+antiépileptique peut être proposée.
Les psychothérapies
Plusieurs types de psychothérapies peuvent être utiles dans la prise en charge de patients souffrant de trouble bipolaire : les psychothérapies cognitivo-comportementales , les thérapies interpersonnelles et d’aménagement des rythmes sociaux, la remédiation cognitive, les thérapies fondés sur la plein conscience, les psychothérapie d’inspiration analytique ou analytique (psychanalyse (accord professionnel) et les autres psychothérapies (groupe, soutien, familiale..)
La psychoéducation
Le terme de psycho-éducation peut se définir comme l’éducation ou la formation théorique et pratique axée sur la compréhension du trouble et de ses différents traitements afin de favoriser une réinsertion optimale du sujet. La psycho-éducation prend en compte les causes et les conséquences de la maladie, le contrôle des facteurs déclenchants et les principaux aspects psychopathologiques du trouble, la qualité de la relation médecin-patient-famille. La psychoéducation est proposé le plus souvent en groupe sous forme de modules.
L’ hygiène de vie
Pour les personnes souffrant de trouble bipolaire le maintien de conditions de vie les plus saines possibles est une priorité pour limiter l’impact de la maladie. Sont recommandés en particulier :
- l’arrêt du tabac et du cannabis et des autres drogues, la limitation de la consommation d’alcool
- le maintien d’une activité physique. En cas de difficulté, des applications gratuites sur smartphones permettent de faire des exercices à domicile sans matériel de sport.
- le maintien d’une bonne hygiène de sommeil : lever à heure fixe, une ou deux siestes de vingt minutes maximum dans la journée, pas d’exposition aux écrans dans l’heure qui précède le coucher, température de la chambre à coucher entre 17 et 18 degrés, utilisation d’un masque de nuit et de boules quies si nécessaire
- maintien d’une alimentation riche en fibres et en protéines (légumes verts, salades, légumineuses), réduction des féculents (privilégier le riz complet aux pates et pomme de terre), réduction de la viande (privilégier les viandes blanches comme la dinde) et des laitages (remplacer les yaourts par des compotes sans sucre ajouté). Certains antipsychotiques peuvent augmenter l’appétit et par conséquent la prise de poids, maintenir une bonne alimentation est capital pour le bien être, la motivation et l’énergie.
Les sucres raffinés (par exemple dans les pâtisseries) et les graisses saturées (par exemple dans la Junk Food, certaines pizzas préparées) sont à diminuer au maximum.
- maintien des contacts sociaux en favorisant les activités d’extérieur
- maintien du contact avec la nature (parc, randonnées…)
Tous les établissements Inicea sont des centres d’expertise dans la prise en charge du trouble bipolaire. Chaque patient bénéficie d’un projet de soin personnalisé, adapté à sa pathologie. Découvrez quel est l’établissement le plus proche de chez vous en cliquant ici.
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