Qu’est-ce que l’hypomanie ?

L’hypomanie est un épisode qui peut se manifester lors d’un trouble de l’humeur : la bipolarité de type 2. Elle associe une humeur euphorique et excitée, parfois irritable, qui persiste plusieurs jours de suite, à des troubles de la pensée et du comportement modérés.

Quels sont les symptômes de l’hypomanie ?

Pour poser le diagnostic d’un épisode d’hypomanie, plusieurs des symptômes ci-dessous doivent être présents au moins quatre jours consécutifs. Au cours d’une phase d’hypomanie, les patients peuvent ressentir un important sentiment de joie et de bien-être ou une irritabilité (susceptibilité, pleure ou s’énerve facilement, provoque des conflits, etc.), et une hyperactivité (la personne dort moins mais ne se sent pas fatiguée, peut s’investir dans un grand nombre d’activités nouvelles, déborde d’énergie et fait plus d’activité physique). 
 
Ce trouble de l’humeur doit être associé à au moins trois des symptômes suivants

  • une grande confiance en soi (elle ose davantage et est généralement au centre de l’attention) ; 

  • une désinhibition importante (elle est plus sociable, elle a davantage envie de sortir, de rencontrer de nouvelles personnes) ; 

  • une augmentation du débit de la parole, au point que les autres peuvent le remarquer ;

  • une plus grande efficience intellectuelle pour travailler ou étudier (elle a plein d’idées et de projets) ; 

  • un flux de pensées qui va très vite, au point d’être plus distrait et de passer d’une idée à l’autre rapidement ; 

  • une augmentation excessive de l’engagement dans des activités agréables (consommation de nourriture, tabac, alcool, drogue, sexe, dépenses excessives, conduites à risque,  jeux d’argent…), mais sans réellement percevoir les risques. 

 
Ces symptômes diffèrent de son état habituel. Il s’agit d’un épisode, avec un début et une fin, qui dure plusieurs jours. Il n’est donc pas possible d’être en phase hypomane seulement une heure dans la journée – ce symptôme ne correspond pas à de l’hypomanie. 

Toutefois, à l’inverse d’un épisode de manie (beaucoup plus intense), l’épisode d’hypomanie n’a généralement pas de conséquences graves sur la vie professionnelle et sociale de la personne. Cela explique l’important retard diagnostic de ce trouble. 

Reconnaître l’hypomanie chez un proche 

Il peut arriver que l’entourage peine à repérer les signes de ce trouble et considère volontiers la personne comme étant « en pleine forme » plutôt qu’atteinte d’un trouble psychiatrique. L’individu lui-même se sent « très bien » lors  des épisodes hypomaniaques. Il se sent plus créatif, plus rapide et plus performant. Il a l’impression de réussir tout ce qu’il entreprend, ce qu’il juge agréable et positif. 

Il ne se considère pas comme malade et a souvent tendance à nier son état ou à le rationaliser. Les patients ont d’ailleurs tendance à consulter un médecin uniquement lorsque la dépression survient, sans mentionner leurs symptômes hypomaniaques.

Le Dr Bourla précise qu’il est très difficile pour les proches de reconnaître l’hypomanie. D’ailleurs, 80 % des épisodes d’hypomanie passent généralement inaperçus. Les retards de diagnostic sont nombreux puisqu’on estime ce retard, pour le trouble bipolaire de type 2, entre 8 et 10 ans.
 

L’hypomanie annonce-t-elle un trouble bipolaire ? 

Par définition, un épisode d’hypomanie, même s’il survient une fois dans une vie, suffit pour évoquer un trouble bipolaire de type 2, si l’individu a déjà souffert par ailleurs d’un épisode de dépression. En effet, les patients qui souffrent de troubles bipolaires de type 2 alternent entre 3 phases : 
des phases dites « d’euthymie », où l’humeur est équilibrée, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de symptômes ;
des épisodes d’hypomanie ;
des épisodes de dépression, avec sentiment de tristesse persistant, démotivation, perte d’intérêt et de plaisir pour les activités habituellement appréciées…
Toutefois, certains symptômes proches de l’hypomanie peuvent n’être que la manifestation d’un trait de caractère durable, d’une personnalité dite « hyperthymique ». Dans ce cas-là, l’individu est en permanence avec une « humeur au-dessus ». Son tempérament est décrit comme « fonceur », « locomotive », « toujours à plaisanter ». C’est un trait de personnalité constant, et non une alternance de phase.
 
Enfin, certains états d’excitation similaires à ceux de l’hypomanie peuvent être provoqués par des substances médicamenteuses ou des toxiques, ou bien survenir dans certaines pathologies organiques.

Comprendre les causes d’un épisode hypomane

Les causes d’un épisode hypomane, et plus largement d’un trouble bipolaire de type 2, sont multifactorielles : des prédispositions génétiques, neurobiologiques, psychologiques et environnementales sont évoquées. Concernant les facteurs qui peuvent induire un épisode d’hypomanie, le Dr Bourla cite notamment : 

  • un stress, qu’il soit positif ou négatif ;
  • les variations de saisons et l’exposition solaire (plus d’épisodes en été) ;
  • la consommation de toxiques ; 
  • les médicaments antidépresseurs.

Comment soigner l’hypomanie ?

En cas d’hypomanie, une modification du traitement de fond n’est pas toujours nécessaire. La prise en charge médicale de l’hypomanie dépendra :

  • des éventuels troubles psychiatriques associés, et notamment de la sévérité des épisodes de dépression qui précèdent ou suivent l’épisode hypomane ;
  • de l’évolution de l’hypomanie dans le temps.

 
Il existe de très rares cas d’hypomanie « isolée », c’est-à-dire de patients qui ne souffrent pas d’épisode de dépression. En général, ces patients ne consultent pas, puisqu’ils n’en ressentent pas le besoin. Il est donc difficile de savoir si cette entité fait partie du spectre du trouble bipolaire.

En effet, par définition, pour parler de trouble bipolaire de type 2, il est nécessaire de faire au moins un épisode hypomane et au moins un épisode dépressif. Dans la très grande majorité des cas, un épisode hypomane finit par s’épuiser et par amorcer un virage dépressif qui peut être plus ou moins rapide, et plus ou moins sévère. 
 
Lorsqu’une prise en charge est nécessaire (c’est très souvent le cas), elle repose, entre autres, sur la prise d’un médicament régulateur de l’humeur et d’une psychothérapie.
 

La prise en charge médicamenteuse 

Comme pour tous les types de bipolarité, il faut distinguer les deux phases du traitement : le traitement symptomatique, qui permet de calmer l’état immédiat du patient en phase d’hypomanie, et le traitement de fond, pour éviter les récidives.
 

Les traitements symptomatiques

La priorité est de faire en sorte que l’épisode d’hypomanie dure le moins longtemps possible, car plus il dure, plus le risque d’épisode dépressif à sa suite est grand. L’enjeu est également de restaurer le sommeil. 

Ainsi, le professionnel de santé pourra prescrire de la mélatonine dans un premier temps, pour que le patient retrouve le sommeil, et des somnifères si cela ne suffit pas (toujours en association avec des règles d’hygiène du sommeil). D’autres médicaments comme des anxiolytiques ou des petites doses de neuroleptiques sédatifs pourront être prescrits pour éviter l’agitation. 
 

Le traitement de fond

Les traitements les plus recommandés dans les troubles de l’humeur du spectre de la bipolarité sont les médicaments régulateurs de l’humeur (lithium, antiépileptiques et antipsychotiques atypiques). Ils permettent à la fois d’atténuer les symptômes et de réduire les risques de récidive. Plusieurs essais sont souvent nécessaires avant de trouver le médicament le plus adapté à chaque patient.
 

Psychothérapie et éducation thérapeutique 

En association avec le traitement médicamenteux, une prise en charge psychologique est fortement recommandée. L’objectif des séances de psychothérapie sera d’aider le patient à gérer ses émotions et son stress, ces deux facteurs pouvant être déclencheurs d’un épisode d’hypomanie ou de dépression. Le psychothérapeute apprend au patient à identifier ses émotions et lui donne les bons outils pour mieux les apprivoiser.

L’éducation à cette pathologie est également un point important à aborder lors des séances, afin de permettre au patient de reconnaître les signes annonciateurs d’une phase d’hypomanie ou de dépression (apprentissage des symptômes d’alarme, comme un début d’insomnie).

Plusieurs types de psychothérapies sont recommandées : les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), les thérapies d’inspiration psychodynamique, etc. 

Accompagner un proche hypomaniaque

Bien comprendre l’hypomanie est une des clés de l’accompagnement. Des proches informés sur ce trouble peuvent apporter un soutien plus efficace et contribuer à la diminution du risque de rechutes et à leurs conséquences.
 
Progressivement, l’entourage apprend à reconnaître les signes annonciateurs de l’hypomanie et à différencier un état hypomane, un état euthymique et un état dépressif.
 
Le Dr Bourla conseille aux proches de se rapprocher d’associations ou de groupes de proches souffrant de ce trouble pour se sentir moins seuls dans cet accompagnement, parfois difficile à gérer.

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